Où l'on va faire un tour dans le bureau de Kévin
Résumé des chapitres précédents : Patricia Mulloche, une fille moche qui mène une vie ennuyeuse et travaille dans un bureau chiant est convoquée à un entretien par son nouveau chef Kévin Eacall, un sémillant et pimpant beau gosse.
- Asseyez-vous je vous en prie Patricia, dit Kévin en sinstallant derrière son bureau.
Elle obtempéra sur le champ, se tenant parfaitement droite, les mains croisées devant elle, serrant bien ses genoux lun contre lautre, avec dans les yeux lexpression parfaite et exaspérante de la martyre qui va pas tarder à se faire bouffer par le lion (ou la lionne, ou le tigre, ou même encore lours soyez pas sectaire comme ça, yavait pas que les lions qui aimaient bien se boulotter un ptit martyre chrétien sous le soleil de larène romaine !).
Ce genre de mine aurait exaspéré nimporte quelle personne normalement constituée, mais pas Kévin Eacall. (Enfin, je ne veux pas dire par là quil nétait pas constitué de tout ce qui constitue un homme normalement constitué hein, tout ce qui devait être là létait bien, rien de plus, rien de moins. Soyons clair.)
- Allons, ne vous inquiétez pas, dit-il à Patricia, je ne vais pas vous manger (toujours ce truc du lion mangeur dhomme de femme
)
Patricia esquissa alors ce qui devait être un sourire timide mais qui ressemblait davantage à une grimace, dévoilant ainsi des dents mal alignées mais blanches.
- Bien commença Kévin. Je ne vais pas y aller par quatre chemins et je vais être direct : je suis ici en mission.
- ha répondit Patricia.
- Oué, je sais, jai pas trop le look habituel, concéda Kévin, il me manque des accessoires, mais est ce bien la peine daccorder autant dimportance à des détails qui ne sont finalement, comme leurs noms lindiquent justement que des accessoires, cest à dire des éléments non essentiels dans la vie ? Pourquoi faut-il toujours que lon accorde autant dimportance à ce qui ne devrait être que secondaire ? Pourquoi tenir davantage compte de laspect extérieur plutôt que de la beauté intérieure ? Pourquoi ces jugements hâtifs quand on sait que lhabit ne fait pas le moine vous voyez où je veux en venir ?
- Pas vraiment ! soupira Patricia en fronçant légèrement les sourcils. Etes vous mandaté par un cabinet daudit ou quelque chose dans ce genre là ? Ou alors cest à cause lhistoire de la boîte de trombones ? Oui cest sans doute pour ça que vous êtes là, pourtant jai rectifié rapidement mon erreur ! Ce nétait quand même pas de ma faute si cette boîte avait glissé derrière létagère ! expliqua-t-elle.
- Jentrave que dalle à ce que vous baragouinez répondit Kévin dans une soudain élan bretonnant.
- Vous nêtes pas là pour les trombones ?
- Non, je suis en mission, je viens de vous le dire !
- En mission ? Genre mission top secrète avec espion, complot contre le gouvernement, extra-terrestres et tout ça ?
- Nan.
- Ah ben alors je ne vois pas à quel type de mission vous faites allusion, répondit-elle déçue en croisant les bras et en se renfrognant.
- Je vais vous expliquer Patricia, mais cessez de faire lenfant voulez-vous (ha ha jadore cette réplique ! Cest irrémédiablement cucul et suranné )
Kévin la regarda alors avec un air à la fois sérieux et plein de pitié, comme sil allait lui annoncer quil ny avait plus de table de libre à la Brasserie de la Cigogne Borgne où chaque année Patricia allait fêter son anniversaire avec ses parents et sa grand mère Micheline qui prenait toujours " les profiteroles comme dessert parce quelle était super gourmande et quà la maison de retraite yen avait jamais, des profiteroles. " Et du coup, ça lui ficha un peu les chocottes et elle arrêta de faire la tête.
- Bien, je vois que vous êtes désormais prête à mentendre ma chère Patricia, alors voilà hum, hum je suis un génie et je suis là pour vous, dit alors Kévin avec un magnifique sourire.
-
- Mavez-vous entendu Patricia ?
- Oui vous êtes un génie et vous êtes là pour moi, répéta Patricia.
- Cest cela même, confirma-t-il.
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- Navez-vous rien à me dire ? sétonna Kévin
- Quel genre de génie êtes vous ? demanda-t-elle soudainement. Plus le genre Léonard de Vinci ? ou alors Einstein ? ou plus le genre Sans bouillir ?
- Plutôt le genre Génie dAladin à vrai dire, corrigea Kévin.
- Oh ? ce genre de génie là, le genre de génie qui exauce les vux ?
- Voilà, vous situez bien les choses.
- Attendez une minute ! sexclama Patricia dun air méfiant nêtes vous pas sensé sortir dune lampe ou dune potiche ou un truc comme ça ? Et ne devriez-vous pas porter un pantalon bouffant de couleur chatoyante et des sortes de babouches rigolotes ? Et comment se fait-il que vous nayez aucun turban sur la tête ?
- Et voilà soupira Kévin, je le savais bien que nécoutiez pas mon topo sur les accessoires, les apparences trompeuses et les habits de moine
à suivre